[Accepté] Alester Joramond

Au Seigneur le Duc Angus Perenold, Héritier de la Maison Perenold, Protecteur du peuple, et à Dame Felaine Perenold, Duchesse et épouse du Duc Angus Perenold, Héritière de la Maison Ferdrael, bienfaitrice de Noirfaucon.

Votre temps est précieux, et c'est pour cela que cette missive sera courte. Je crains que la situation ne permette les fioritures et circonvolutions auxquelles nous ont habituées les conventions.

Cela fait maintenant quinze ans, quinze ans que ma vie est consacrée au service inconditionnel de la Kryte.

Durant toutes ces années, j'ai exécuté mon devoir avec diligence, étudiant sans relâche les arcanes de la magie et les cultures de notre monde. Mais aucun adversaire, aucun ennemi, aucun piège ne m'a paru plus dangereux que l'ignorance qui risque désormais d'avaler notre héritage, notre culture, et la Tyrie toute entière.
La Kryte, notre nation, est en sang. Nous assistons, impuissants, à l'enfoncement de notre politique dans des luttes fratricides et stériles, alors même que nos ennemis ravagent nos campagnes. Nous, nobles, élites, nous chamaillons autour de banquets fastueux tandis que nos paysans meurent sous les coups des Centaures, pendant que les plus démunis se tournent de plus en plus vers le brigandage, pendant que les séparatistes défient ouvertement l'indiscutable volonté de notre glorieuse Reine.

Je suis membre de la noblesse. Mais à l'heure où j'écris ces lignes, ce mot semble aussi sale que la fange dans laquelle mes pairs se vautrent. Nous avons oublié la raison de notre position, comme si la gloire et le mérite de nos aïeux, qui obtinrent le respect par leurs prouesses martiales ou intellectuelles, fut effacée par des générations de parvenus sans honneur, arrogants et pitoyables, s'accrochant à leurs privilèges comme un avare s'attache à son or. La Noblesse n'est plus qu'un mot, qu'une caste. Qu'un ordre rétrograde de vieillards séniles et de jeunes ignorants.

Devons-nous pour autant sombrer dans la haine de nos semblables ? A l'heure où l'Arche du Lion brûle, devons-nous paraitre divisés aux yeux de nos ennemis ? Bien sûr que non. Le succès réside après tout dans un savant mélange de victoires et de compromis. De compromis, et non de compromission.

Et c'est pour cette raison que je viens vers vous.

Ma position permet certaines prérogatives, et les Ministres se caractérisent par leur capacité à parler. Savoir les écouter, comprendre leurs inquiétudes et ambitions est un outil inestimable pour qui est capable de déceler le vrai du faux. Or, votre nom, votre maison, vos projets... tout cela agite, tout cela fait jaser. Nobles philanthropes, amants du peuple disent certains. Subjugueurs des petites gens diront d'autres... intérêt, curiosité, mais aussi irritation et mépris, votre entreprise devient un sujet de discussion prisé, autant dans les alcôves du Ministère que dans les humbles tavernes des quartiers pauvres. Votre réputation vous précède, et si la moitié des actes que l'on vous attribue est vraie, alors tout espoir n'est peut-être pas perdu. Car l'espoir est ce qui nous manque.

Ainsi, Mon Seigneur, Ma Dame, en tant qu'héritier de la Maison Joramond, je souhaite rejoindre vos rangs. Je mets mes connaissances, mes compétences, mes biens et mes privilèges au service de la noble entreprise qui est la vôtre, et ce sans condition aucune.


(HRP)

Spoiler:

Angus méditait dans un coin perdu du champs de ruine. La ou personne ne pourrait venir l'ennuyer avec des détails tel que la couleur de la tapisserie de la chambre de ses enfants. Il revoyait encore le commerçant "Je propose moitié rose moitié bleu, pour un garçon et une fille. C'est très a la mode !". Misère. Alors qu'il tentait d'évacuer le stress des derniers jours tout en travaillant sa maîtrise magique, un pigeon vint se poser sur son épaule. Un message a la patte. Il pris déroula le message, libérant le pigeon de son devoir, puis le parcourut rapidement.

Pigeon a écrit:

"Recrue intéressante."

Dans un soupire, le Duc se redressa et repris la route de la Tour Perenold a Noirfaucon. Une fois sur place, il salua Alfred, embrassa sa femme et gravit les marches jusqu'à son bureau. La lettre d'un certain Alester Joramond avait été lue et relue.

Angus déroula ensuite un parchemin vierge, pris une plume et son encrier et répondit :

Parchemin a écrit:

Monsieur Joramond,

Merci de l'intêret que vous portez à la maison Perenold. J'ai parcouru, je ne vous le cache pas, plusieurs fois votre lettre avec autant d'interet que de plaisir.

D'interet d'une part parce qu'il est rare que je constate une vision de la noblesse similaire a celle que mon épouse et moi même adhérons. D'autre part parce que j'y lis là les mots d'un désespéré.

L'heure est sombre, monsieur Joramond et en de tel moment le désespoir n'est pas permis. Surtout pas a nous, élite, qui avons un devoir d'exemplarité.

Je vous invite a nous rencontrer, mon épouse (si elle est disponible) et moi-même, mardi soir prochain a 21h30 en lieu et place de votre choix.


Respectueusement,

Angus Perenold, Duc de Perendir.

Il souffla sur l'encre pour l'aider à sécher, puis roula le parchemin, avant d'y déposer son cachet. Le blason à la bouche cousue d'épée. Il redescendit les marches et le tendit a Alfred.

"A destination de monsieur Joramond. C'est prioritaire."

Le majordome s'inclina avec respect, puis partie, impassible, envoyer le messager, pendant qu'Angus informait Felaine de son choix concernant la date du rendez vous.

HRP:

Le Seigneur Joramond intègre la maison le 62ème jour de la saison du Zéphyr 1327 Ap.E.

Puisse les Six lui accordé leur Clairvoyance et puisse ses projets se réaliser au sein de notre glorieuse maison !